Moselle, envoyée spéciale.
Daniella est née la veille de Noël, dans une caravane, place de l'Etoile à Strasbourg, sous les fenêtres du maire. C'est la préférée de son père, et son aînée. Elle vient de fêter ses 5 ans. Officiellement, Daniella n'existe pas. C'est-à-dire qu'elle n'a pas d'état civil. Juridiquement, elle n'est personne, pas même la fille de ses parents, qui n'ont pas pu la reconnaître ni la faire inscrire sur le livret de famille. Ses nom, date et lieu de naissance ne sont connus d'aucune administration. La caisse d'allocations familiales et la Sécurité sociale, par exemple, versent de l'argent pour ses deux petites soeurs, mais pas pour Daniella.
Ce sont des magistrats qui ont créé ce statut impossible, contraire aux lois françaises et aux conventions internationales (lire ci-dessous). Lorsque le délai des trois jours ouvrables suivant l'accouchement est dépassé, c'est en effet à la justice d'établir la déclaration de naissance. En la refusant à Daniella, le tribunal de grande instance de Strasbourg puis la cour d'appel de Colmar l'ont condamnée à l'inexistence juridique, sans se préoccuper de conséquences gravissimes. Ils se sont non seulement assis sur les règles de droit, mais ont traité cette enfant avec un mépris ressemblant fort à du racisme. Mauvaise réputation. Les Roumains, tsiganes ou pas, qui débarquèrent en Alsace à la fin des années 80, n'avaient pas bonne réputation: pauvres, sales, mendiants et sûrement menteurs. Pourtant, quand Daniel et Dinarc