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Le carnaval de Salvador de Bahia. Samba amor.

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A Salvador de Bahia comme nulle part ailleurs au Brésil, la rue est une piste de danse frénétique. Ce délire populaire débute le 20 février pour cinq jours. Mais Salvador possède presque plus de fêtes que de jours dans l'année.
publié le 7 février 1998 à 19h47

Salvador de Bahia, envoyée spéciale.

Il y a l'«avant» et le «en attendant le suivant». Officiellement, le Carnaval de Salvador de Bahia dure cinq jours. En réalité, la musique réchauffe l'air dès janvier. Le 20 février, à minuit, la folie a droit de cité, l'infidélité est acceptée, la hiérarchie oubliée. Ici, contrairement à Rio, le carnaval ne s'est pas laissé enfermer dans un sambodrome et reste un vrai délire populaire. Tout a commencé ou plutôt recommencé dans un garage. La manifestation était un peu essoufflée, lorsqu'un beau jour de 1950, Osmar et Dodo, deux musiciens du dimanche, bidouillèrent une guitare électrisée, se hissèrent sur un camion, branchèrent l'instrument sur la batterie avec deux haut-parleurs et transformèrent une petite fête en un immense bal. Le trio electrico était né et avec lui ce carnaval de rue qui aujourd'hui encore imprègne toute la ville. «Ces cinq jours servent à tout noyer dans la musique, et nous en avons des blessures à panser», raconte Ney, un des très nombreux Rastafari de la ville, aux dreadlocks en bataille. En écho, l'écrivain Jorge Amado s'émerveille: «Nous sommes tellement heureux de constater que nous arrivons à survivre en dépit de la misère et de l'injustice que cela nous rend joyeux.»

Aux premières heures du jour, aux ultimes de la nuit, au soleil de midi, sous la lune de minuit, la danse fait bouger les corps en choeur. «A Salvador, la musique est partout et conte notre obsession" le cul», avoue le chanteur Gilberto Gil. Clic-cl