La «place des pères» évolue, lentement, si l'on en croit l'Ined
(Institut national d'études démographiques): en 1986, 46% des enfants d'ex-concubins et 22% des enfants de parents divorcés vivant avec leur mère ne voyaient jamais leur père (mais ces chiffres englobent les pères décédés).
L'étude réalisée par Catherine Villeneuve Gokalp en 1994, et dont les résultats ne sont pas encore publiés, montre que ce chiffre s'est stabilisé aux alentours d'un tiers. Mais, quand ils le voient, c'est plus qu'autrefois. «C'est une évolution lente mais sûre», dit la chercheuse. Notamment chez les couples non mariés, dont le comportement se rapproche de celui des époux.
Le principe de l'autorité parentale conjointe, adopté en 1987, n'a pas modifié les usages: le parent hébergeant, celui chez qui est fixée la résidence principale de l'enfant, reste dans l'esprit de tous celui qui a «la garde». Le plus souvent, c'est la mère. L'autre est le parent «secondaire». «Ce qui est nouveau, c'est qu'on ne le supporte plus, expliquait Irène Théry, lors du colloque organisé par le groupe Typhaon (1). Dans les années 60, ça ne gênait personne que le père disparaisse.» On trouvait un autre père, le nouveau mari de la mère, on changeait le nom de l'enfant et même sa filiation, par le biais de reconnaissances de complaisance.
Une magistrate de Créteil relatait, lors de ce colloque, l'histoire d'Emilie, née en 1986, reconnue par le compagnon de la mère, qui lui avait donné son nom. Le couple se sépare. La reco