Le constat est accablant. S'il fallait noter la qualité de la
politique publique en matière de prévention des risques naturels, ce serait presque le zéro pointé. «Nous avons de bons maires qui protègent bien leurs administrés, de bons experts qui ont cartographié la France des risques naturels, et de bons assureurs qui indemnisent rapidement dès qu'une catastrophe est déclarée, et pourtant, nous allons dans le mur.» Tel est, en substance, le propos tenu hier par Paul-Henri Bourrelier, qui présentait hier un gros rapport commandé en 1993 par Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement. Réalisé sous l'égide du Commissariat général au Plan, il a mobilisé des dizaines d'experts.
Sur la sellette, la loi de 1982 sur la prévention et l'indemnisation des catastrophes naturelles. Le rapport constate d'abord que, depuis plus de quinze ans que la loi existe, le volet prévention n'a pas fonctionné. Sur 36 000 communes, 500 à 600 seulement ont publié des plans d'exposition des risques (PER), rebaptisés depuis 1995 plans de prévention des risques (PPR). Quasiment autant sont dans les tuyaux. Une paille rapportée au nombre de communes sinistrées. Elles sont 30 000 (soit 82% du total) à avoir bénéficié depuis 1982 d'un arrêté reconnaissant l'état de catastrophe naturelle. Mieux, presque un tiers d'entre elles (10 197) ont été au moins trois fois sinistrées. Sans compter les «abonnées», comme les appelle Paul-Henri Bourrelier, ces 75 communes qui ont été «catastrophées» plus de neuf foi