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Interview

«Dans le Sud, l'amour reste lié à la procréation». Le sociologue Michel Bozon compare les études menées dans plusieurs pays.

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publié le 26 février 1998 à 19h04

Sociologue et directeur de recherches à l'Institut national d'études

démographiques (Ined), Michel Bozon a coordonné les enquêtes publiées hier. Mais au-delà de l'étude des comportements sexuels, il a regroupé toutes les données recueillies dans divers pays européens: une douzaine d'études réalisées depuis cinq ans et qui démontrent que, si les grandes tendances sont similaires, de nombreuses différences de comportement subsistent selon un axe nord-sud.

Les enquêtes à travers l'Europe ont-elles toutes été réalisées suivant la méthode française?

Pas du tout. En Finlande, l'étude était surtout axée sur les pratiques sexuelles et leurs techniques. En Grande-Bretagne, les comportements face à la contamination du sida primaient. En France, nous sommes entre les deux, safe et sentimentaux à la fois.

Peut-on noter de grandes différences de comportements entre les pays du Nord et ceux du Sud?

Absolument. J'imaginais des résultats plus homogènes car l'activité professionnelle des femmes et la contraception, qui influencent énormément la sexualité, sont développées dans tous les pays étudiés, et l'âge des femmes lors du premier rapport a partout baissé de deux ans. Malgré cela, les différences subsistent. En Islande, les femmes ont en moyenne 16,3 ans lors du premier rapport, alors qu'au Portugal, elles ont 19,3 ans. C'est encore plus flagrant lorsque l'on compare ces moyennes à celles des hommes. En Islande, les garçons passent à l'acte au même âge que les jeunes filles, tandis qu'au Por