On n'en finit pas de mesurer tout ce que l'on doit au bon docteur
Pincus, qui inventa la pilule. On savait bien qu'en dissociant sexualité et fécondité, il avait contribué à libérer les femmes. Mais on ne réalisait peut-être pas à quel point les conséquences de cette révolution se feraient sentir. Car aujourd'hui encore, dans cette dernière vague d'enquêtes sur la vie sexuelle, ce sont bien les femmes qui portent les changements les plus profonds. Rien de bien bruyant, certes: qu'on ne se marie plus vierge, on le savait. Mais des mouvements plus discrets qui transforment les mentalités lentement mais sûrement.
Le meilleur témoin de cela, c'est la norme. Quelles normes sexuelles prête-t-on aux autres? «Eh bien, on prête aux hommes et aux femmes les mêmes besoins», a résumé hier Nathalie Bajos, l'une des auteurs de l'enquête de 1993 sur la sexualité des Français en présentant ses travaux. On pense, par exemple, «que l'orgasme simultané est moins indispensable». Chacun peut prendre son plaisir selon sa sexualité en somme, pas la peine de se couler dans le moule de l'autre. Et l'on tolère moins les infidélités masculines, qui bénéficièrent longtemps d'un regard bienveillant quand les femmes adultères étaient vouées aux gémonies. Les actes se modifient aussi. L'âge au premier rapport baisse régulièrement et la différence entre garçons et filles est maintenant inférieure à un an. Qui prend l'initiative de cette première fois? En Grande-Bretagne, en Finlande ou en Belgique, les répo