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Libération

La mort devant soi, faute de greffe. La pénurie chronique d'organes prélevés s'est poursuivie l'an dernier en France.

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publié le 6 mars 1998 à 22h18

L'embellie ne vient toujours pas et la tendance à la stagnation se

confirme. Comme le révèlent les chiffres, rendus publics hier par l'Etablissement français des greffes (EFG) «sur le prélèvement et la greffe d'organes en France en 1997», la pratique est restée en 1997 à un niveau «médiocre», en tout cas largement insuffisant au regard de la demande.

«On a réussi à limiter les dégâts depuis la grande chute de 1992», explique le professeur Didier Houssin, qui dirige l'EFG. «Et aujourd'hui, par rapport à l'année 1996, c'est à peu près stable, avec une reprise nette pour les greffes de cornée, qui, il est vrai, étaient tombées au plus bas.» Au mieux, c'est donc le verre à moitié plein. Mais quel que soit le degré d'optimisme de l'expert, la France est installée dans une pénurie chronique de greffons. Et s'éloigne l'époque florissante du début des années 90, où les équipes arrivaient alors à greffer plus de 3 500 patients. Un état de grâce qui fut de courte durée, car, dès 1991-1992, entre les secousses liées au scandale du sang et celle de l'affaire d'Amiens (des parents avaient découvert que l'on avait prélevé la cornée de leur enfant sans les prévenir), un climat de méfiance et de doute s'était instauré, aboutissant à augmenter très sensiblement les refus de prélèvements. Pas de patients étrangers. Aujourd'hui, certains chiffres font peur. En 1997, 109 patients sont morts en attente d'une greffe de coeur, 21 en attente d'un coeur-poumons, 33 en attente de poumons, 79 en attent