Le meilleur cours d'histoire du cinéma pornographique est sorti ce
mercredi sur les écrans: Boogie Nights, de Paul Thomas Anderson, un film pas X du tout qui brosse la fresque de l'industrie du sex-business au tournant des années 70-80 (lire Libération d'hier). En ce temps-là, le cul filmé était insouciant: pas de sida, donc pas de capotes. Le héros de ce film est largement inspiré d'un personnage authentique, John Holmes, étalon qu'on a pu voir caracoler dans de très nombreuses productions de l'époque, qu'elles fussent hétéro, homo ou bisexuelles. Cet Holmes-là est mort du sida, contrairement au héros de Boogie Nights, pour lequel on a imaginé un destin plus hollywoodiennement positif. Mais la mort du vrai John Holmes fut le premier coup de tonnerre au sein d'une profession légitimement paniquée, même si ses premiers réflexes ressemblaient fort à une politique de l'autruche: négation des faits, puis discrétion coupable sur la disparition de certaines starlettes ou taurillons du cinéma gay.
Prophylaxie militante. L'héroïnomanie n'étant pas non plus étrangère à ce milieu, les rumeurs de disparitions liées au sida se sont amplifiées, et quelques ripostes furent tentées. Premiers alarmés, les gays furent aussi les premiers à adopter la capote dans les scènes de sexe non simulées. La société californienne Falcon, «major» gay du secteur, a pratiquement tout de suite généralisé l'usage du préservatif à l'ensemble de ses productions, imitée par les «auteurs» pornos français comme Jea