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Libération

Du porno pour mettre l'hétéro à la capote. Canal + et le ministère de la Santé ont cofinancé des films de prévention non simulés.

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publié le 19 mars 1998 à 20h55

Elle dit: «D'ordinaire, pour filmer la moindre scène d'amour, c'est

compliqué. Il faut simuler, les acteurs sont mal à l'aise. Là, c'était agréable. Tout roulait.» Et lui ajoute: «Quand on a vu le projet, on pouvait être gênés. Et puis j'ai lu le cahier des charges qui nous était imposé, il était si détaillé qu'il en était pornographique. Ça m'a rassuré.» Lucile Hadzihalilovic et Gaspar Noé sont deux des cinq jeunes cinéastes qui ont accepté de participer à une opération unique de prévention contre le sida: réaliser cinq très courts métrages, totalement X, mettant en scène l'importance de l'usage du préservatif dans une situation à risque.

«On avait un problème lancinant de messages de prévention à destination des hétérosexuels multipartenaires», explique-t-on à la division sida de la direction générale de la Santé. D'où l'idée de ce projet, le ministère de la Santé en finançant le tiers (400 000 F), le reste venant de Canal +. L'objectif est de diffuser ces films en ouverture du film porno de Canal qui, comme chacun sait, passe le premier samedi de chaque mois. «On a cherché des cinéastes qui n'avaient jamais fait de film X», précise-t-on à Euro RSCG, qui a managé l'opération. Cinq ont donc été retenus, auxquels un cahier des charges très précis a été remis. Ainsi, Lucile Hadzihalilovic devait traiter la problématique de prévention suivante: «La pénétration vaginale successive sans changement de préservatif entre chaque pénétration.» Et le comportement préventif à illustrer