Aquelques jours de la Journée mondiale de lutte contre la
tuberculose, le 24 mars, la situation sur le front de cette maladie infectieuse n'a jamais été aussi dramatiquement paradoxale. Ainsi, alors que l'on apprenait hier à Paris que le nombre de cas français continuait de baisser, l'OMS (Organisation mondiale de la santé) dressait à Londres un état des lieux planétaire catastrophique, aboutissant à la mort (entre autres) de plus de 100 000 enfants par an.
Et ce décalage va en s'aggravant. Le docteur Yves Coquin, sous-directeur à la Direction générale de la santé, a ainsi chiffré à 7 800 les cas français en 1996. «En 1997, la baisse a continué, autour de 10%. Depuis 1993, cette diminution est régulière.» De fait, la hausse des cas qui avait inquiété les experts en 1992 pour la première fois depuis vingt ans le nombre de tuberculoses était en augmentation est en grande partie oubliée. «Certes, a poursuivi le docteur Coquin, il y a des anomalies. La moitié des cas se sont déclarés en Ile-de-France, et certains départements d'outre-mer comme la Guadeloupe ont connu une nette augmentation. Mais autrement, la situation est sous contrôle.» Plus rassurant encore, la France reste peu touchée par des souches résistantes aux antibiotiques: 41 cas en 1996, «et ce chiffre reste stable». Ailleurs, l'épidémie galope comme jamais. «On estime que d'ici l'an 2020 on aura dénombré près d'un milliard de nouveaux cas d'infection, 200 millions de nouveaux malades (1), et 70 millions de décès