Mais qu'est-ce qu'ils pensent, au fond d'eux-mêmes, ces sacrés
médecins? De leurs patients, de l'hôpital, de leur pratique? Sont-ils sonnés par les bouleversements successifs de la médecine moderne? Ou bien se sont-ils peu à peu adaptés? Jusqu'à présent, on n'en savait rien. Certes, il y avait eu quelques sondages ou de simples consultations organisées par des syndicats, mais aucune donnée d'ensemble n'était encore disponible. Dans ce contexte d'incertitude, les résultats de la «consultation nationale des médecins», rendus publics ce matin, permettent d'y voir un peu plus clair. Mais guère plus, car on voit apparaître un corps médical qui semble gêné aux entournures du changement. Il sait bien que les changements sont irréversibles, mais il tarde à les intégrer. Et surtout il reste méfiant vis-à-vis de l'autonomie des patients.
Il n'empêche, le conseil national de l'ordre des médecins a eu bien raison de monter cette opération d'«autodiagnostic».
Complexe. L'année dernière, l'ordre a ainsi fait distribuer à tous les médecins (près de 200 000) un très long questionnaire; plus de 60 000 praticiens y ont répondu, ce qui est un record absolu de participation. Avec l'aide de l'institut Louis Harris, les réponses à cette consultation inédite ont été longuement analysées. Mais le constat final se révèle complexe. Car tout émerge en demi-teinte. Prenons l'optimisme et le pessimisme des médecins: d'un côté, à 49%, ils se déclarent optimistes sur l'état de santé des Français; mais, de