Pour conduire cette voiture, il faut retirer ses chaussures. «C'est
une question de place et, en plus, ça fait gagner un kilo», explique Eric, l'un de ses concepteurs. Le bout de l'habitacle où le conducteur est censé nicher ses petons est conçu pour un 35 fillette. Cette bizarrerie s'explique: dans cette auto étriquée, chaque centimètre est compté, pour que la consommation soit minimale. Et elle l'est: 1 litre de super sans plomb pour 1 600 kilomètres. Du coup, l'engin est curieux. Son aérodynamisme optimisé néglige l'humain. Le pilote devient accessoire et tente de se loger entre les trois roues profilées et le tout petit moteur. Cet exemplaire unique a été conçu pour une drôle de course, le marathon Shell, qui homologue les records de consommation (1). Fruit du travail de quelques ingénieurs fous et des élèves d'un lycée technique nantais, la curieuse barquette a gagné six ans de suite. On l'essaie allongé sur le dos. Une fois le harnais et le casque sanglés, le cobaye dispose d'un champ de vision principalement constitué du haut de ses chaussettes et d'un peu de ciel. Les mécaniciens s'activent tout autour, fixent le toit, qui empêche définitivement tout mouvement et surtout, vissent le «volant» à portée des mains. Il s'agit en fait d'une barre en alliage munie de deux manettes. L'une permet d'accélérer, l'autre de freiner et le tout, bien agité, parvient à faire légèrement pivoter les roues avant. Une perceuse à la main en guise de manivelle, l'un des ingénieurs démarre