Menu
Libération

Peut-on informer sans pour autant inciter aux abus sexuels? Les cas de conscience des éditeurs de guides.

Article réservé aux abonnés
publié le 28 mars 1998 à 20h27

«Les éditeurs de guides? Nous n'avons rien prévu dans notre nouvelle

campagne pour les sensibiliser.» René Lapautre, qui relaie en France la campagne d'Ecpat au travers de son association Développement, est surpris de la question. Et pourtant, quoi de plus utile lors d'un voyage qu'un guide? On trouve tous les renseignements utiles dans cette littérature, mais pour certains pays, les informations risquent parfois de déraper. le Guide du routard, dans son édition Thaïlande 98-99 prend position, ce qui l'honore. Esclavage. Il évoque ce«véritable esclavage moderne, marché mondial où les gros beaufs de tous les pays viennent vider leurs bourse(s) (...). Depuis quelques années, ce ne sont plus des jeunes filles, mais des enfants de 11-12 ans qui sont vendus». Mais après la dénonciation, l'ouvrage ajoute, un peu plus loin: «Voici quelques indications à prendre ou à laisser, selon la morale et les principes de chacun. Après tout, on ne se sent pas le droit de juger nos lecteurs.» Suivent deux paragraphes bourrés de conseils: ne pas monter en voiture lorsqu'on est accosté, pour voir les spectacles, toujours se rendre à l'étage des bars de Patpong. A la rubrique massage, le guide explique qu'il s'agit d'«aiguiser la culture générale» du lecteur et déconseille l'expérience. Évidemment, deux lignes plus loin tout est détaillé, les types de massages, la façon de négocier avec la masseuse et les pièges éventuels. «Nous étions parmi les premiers à dénoncer ce fléau, explique Philippe Gl