Ce que tout le monde redoutait est arrivé: l'autorisation de
conduire une moto de 125 cm3, accordée à tout titulaire du permis auto, a eu des effets dévastateurs. Le nombre de motards tués sur ces engins a augmenté de 21,8% en 1997. Et le court recul du nombre de morts sur la route, toutes catégories confondues (lire ci-contre), n'atténue en rien l'hécatombe. «Il faut pourtant la relativiser, insiste Alain Bodon, délégué interministériel à la Sécurité routière. Les ventes de ces engins ont doublé l'an passé. Cela explique, en partie, cette hausse.» Le chiffre semble toutefois suffisamment élevé pour s'interroger sur le bien-fondé d'un décret libéralisant, depuis le 1er juillet 1996, l'accès aux deux-roues. Code mis à part, la conduite d'une moto n'a que peu de rapports avec celle d'une voiture. Dès les premiers mois, de nombreux services d'urgences d'hôpitaux constataient une recrudescence des accidents (Libération du 9 décembre 1996). Alertées, les associations de motards ont organisé des stages de conduite pour ces débutants. Les constructeurs eux-mêmes ont tenté de mettre sur pied des cours d'initiation, parfois gratuits. En vain. Moins de 10% des nouveaux motards s'y sont soumis. Aujourd'hui, il est difficile de remettre en cause le décret. Quant à un renforcement de la répression (contrôles de vitesse et bon respect du code), qui a permis de limiter le nombre de tués en voiture, elle n'aurait que peu d'effet sur les deux-roues, surtout vulnérables dans la conduite urba