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Libération

Sida: la sournoise rançon du succès. L'hôpital de l'Institut Pasteur va réduire ses efforts envers les patients atteints du VIH.

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publié le 22 avril 1998 à 23h23

En matière de prise en charge du sida, c'est le refrain à la mode:

il faut s'a-dap-ter. Mais à quoi? A la baisse des moyens? C'est ce que semble craindre un chef de service parisien. «On a acquis une expérience, un savoir-faire unique. Il serait grotesque, sous prétexte de diminution de la voilure, de tout jeter par-dessus bord», dit-il avec force. Car, bizarrement, depuis peu, des vents mauvais se lèvent. Des vents sournois. Certains responsables semblent hésiter. Comme si, pour le sida, tout était gagné, et que l'on pouvait relâcher l'effort.

Pasteur. Le cas le plus emblématique de cet air du temps incertain est celui de l'hôpital parisien de l'Institut Pasteur. Voilà un hôpital unique en France. Certes, c'est formellement une aberration hospitalière, car c'est le seul établissement de soins en France à n'être constitué que d'un seul service de maladies infectieuses d'une cinquantaine de lits, auquel se greffent juste des consultations de vaccinologie. Mais c'est le poids de l'histoire qui l'a dessiné ainsi, les successeurs de Louis Pasteur ayant voulu une sorte de dispensaire à leurs côtés. Au fil du temps, l'hôpital s'est maintenu, se spécialisant dans les maladies tropicales. Mais, depuis le milieu des années 80, le sida a tout bousculé. D'abord, il y a eu l'isolement du virus, juste en face de l'hôpital, dans le laboratoire du professeur Luc Montagnier; parallèlement, l'hôpital est devenu un service spécialisé sur le sida. Un lieu chaleureux, avec un nombre de patients