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Libération

Le Crédit agricole soupçonné d'accorder des prêts au faciès. Selon «Que Choisir», les prêts sont refusés à certaines nationalités.

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publié le 24 avril 1998 à 23h34

Les Maghrébins, les Turcs, les Yougoslaves exclus a priori du

crédit. C'est l'accusation grave que porte le mensuel Que Choisir paru ce matin, en dévoilant des documents internes du Crédit agricole. Le simple fait d'appartenir à certaines nationalités conduirait la banque à refuser à ces clients, en première approche, le bénéfice du crédit «Open», un crédit revolving produit par Sofinco et distribué dans les caisses régionales du Crédit agricole.

«Forçage du score». Comme tous les professionnels du crédit, cette banque utilise un score. Toute une série de paramètres (âge, profession, ancienneté dans la banque, niveau de revenu, d'endettement") sont moulinés et traduits par une note, et in fine une décision d'acceptation ou de refus. Or, le fait d'appartenir à une nationalité «risquée» serait rédhibitoire, et déboucherait automatiquement sur le refus du crédit. Certes, le responsable de l'agence peut demander en haut lieu le «forçage du score», il demeure qu'en première instance, c'est le non brutal qui prévaut. «Nous avons scoré notre client pour l'obtention d'un crédit Open, écrit ainsi un conseiller du Crédit agricole d'Ile-de-France à sa hiérarchie. Il ressort, pour un capital de 30 000 F et un taux de 14%, avec la lettre K (nationalité risquée) ["]. Pouvez-vous cependant accepter le forçage?», interroge l'employé. Suit un certain nombre de bonnes raisons de ne pas décevoir ce client. Sa «moyenne mobile» est de 22 000 F, son épargne au Crédit agricole est de 45 000 F, son