Bruxelles, correspondance.
Chaque année, le tabac tue plus de 500 000 personnes dans l'Union européenne. Pourtant, il aura fallu neuf longues années de discussions et deux propositions de la Commission pour que les Quinze acceptent enfin, en décembre 1997, d'interdire la publicité sur le tabac. Un accord obtenu à l'arraché, et à la stupeur générale, par la présidence luxembourgeoise, habilement conseillée par le ministre français de la Santé, Bernard Kouchner. L'Allemagne soumise à la très forte pression de ses groupes de presse et l'Autriche avaient voté contre, l'Espagne et le Danemark, longtemps irréductibles, s'étaient finalement abstenus. La Grande-Bretagne, jusqu'alors opposée à toute interdiction, s'est ralliée au camp prohibitionniste sous la pression de Tony Blair.
C'est maintenant au tour du Parlement européen de se prononcer, les 12 et 13 mai à Strasbourg, lors d'une session plénière qui promet d'être houleuse et reste incertaine. Depuis des semaines, la pression ne cesse d'augmenter autour des députés, soumis à un lobbying intense et contradictoire des entreprises, et aux pressions, toute aussi divergentes, de leurs gouvernements. La commission des droits des citoyens, reprenant l'argument du service juridique du Conseil des ministres en désaccord avec son homologue de la Commission a ainsi émis, la semaine dernière, un avis négatif, en contestant la base juridique de la proposition. Est-ce une affaire de marché intérieur, qui requiert la majorité qualifiée