Quel lien y a-t-il entre le suicide et les conditions de la vie
sociale? Question délicate car le suicide est évidemment un geste personnel et intime. L'influence de l'entourage familial ou du chômage, plus extérieurs, sont néanmoins les deux critères qu'a tenté d'isoler l'Ined (Institut national d'études démographiques).
Parmi les pays occidentaux, La France est très mal placée, derrière la Finlande, le Danemark et l'Autriche. Les pires années semblent toutefois être derrière nous. On dénombrait 12 500 suicides en 1985-1986, contre 12 300 en 1993 et 11 300 en 1996. Mais l'Ined n'a pas d'explication sur cette récente décrue. Les phénomènes plus anciens sont plus aisément décryptables. Ainsi voit-on nettement que l'alcoolisme et le suicide étaient étroitement corrélés tout au long du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe. Ce lien n'existe plus. «Les années 70 marquent une rupture: l'alcoolisme chute durablement, le suicide progresse rapidement», note l'étude.
D'où l'hypothèse que d'autres facteurs sont entrés en jeu. L'Ined avance une première corrélation entre les nouvelles structures familiales et le suicide. L'Ined liste ainsi l'augmentation des unions libres, des divorces, des familles recomposées ou monoparentales, et aboutit à une question: «Ce relâchement des liens familiaux a-t-il quelque conséquence sur le nombre des suicides?» Pour y répondre de manière assez familialiste: «Il semble bien que l'accroissement du célibat et des divorces favorise la hausse du nomb