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Libération

Zones antitabac: Paris fume-t-il encore? La loi Evin est appliquée dans les gares et les aéroports, beaucoup moins dans les cafés.

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publié le 25 avril 1998 à 23h39

Le garçon essuie le zinc pour la 35e fois de la journée et plonge

sous le bar. «Je le garde en souvenir.» Il extirpe un petit panneau où figure une cigarette, barrée d'un gros sens interdit. «En 1992, quand la loi est sortie, on a coupé le bar en deux. Passé ce panneau, c'était non-fumeur. Mais les clients sont joueurs et n'arrêtaient pas de le déplacer. Il y en a même un qui l'a posé sur le petit cagibi qui sert de niche au chien. Voyez le genre d'humour"» Alors, à force de remettre le sens interdit à sa place et, surtout, «de jouer au flic avec le client», le patron de ce bar-tabac parisien a renoncé à séparer fumeurs et non-fumeurs. «Chacun se débrouille. On a fait comme ça pendant trente ans. La cohabitation, on l'a inventée avant Chirac.» Dans les brasseries. Les premiers mois d'application de la loi Evin sont loin (1). Désormais, chacun assouplit la législation, se forge sa jurisprudence toute personnelle. Dans cette modeste brasserie du IXe arrondissement, quatre minuscules tables sont toujours surmontées du petit panneau d'interdiction. «C'est pour les intégristes, assure le patron. On déplace les panneaux suivant le monde. Au coup de feu de midi, il arrive qu'on les enlève complètement. Moi, je ferai une salle non-fumeurs quand la majorité des clients me la demandera. Parce que, la plupart du temps, ceux qui ne fument pas sont accompagnés de fumeurs et souvent, c'est eux qui choisissent la table. Ceux que j'appelle les intégristes, ils sont souvent seuls.» Cette lib