Après le drame des toxicomanes contaminés par les virus du sida et
de l'hépatite, serait-on confronté à celui des toxicomanes tués par les traitements de substitution? France-Soir l'affirmait, hier, en première page: «Alerte au subutex, médicament mortel». En précisant: «Produit de substitution à l'héroïne, il a déjà fait au moins 20 victimes». L'information s'appuyait sur une étude d'une équipe de l'Institut médico-légal de Strasbourg qui aurait comptabilisé, à ce jour, près de 20 décès liés au subutex, tous consécutifs à des accidents respiratoires. «Arrêtons de dire n'importe quoi», a réagi violemment, hier, Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé. «Le subutex est une aubaine. C'est une grande avancée pour la prise en charge des toxicomanes même s'il faut la surveiller. Dans les 20 cas de décès cités, ce n'est pas tant le subutex qui est en cause, mais le mélange avec de l'alcool ou des benzodiazépines. Seul un cas serait directement lié au subutex.» Prescription facile. De fait, en matière de prise en charge des toxicomanes, la France a une particularité. 4000 toxicomanes prennent de la méthadone comme produit de substitution mais plus de 40 000 autres sont sous subutex. Un chiffre unique en Europe, qui s'explique par le fait que le subutex se prescrit facilement, tout médecin généraliste pouvant le faire. A l'inverse, les places de méthadone sont limitées, contingentées budgétairement. Or, depuis l'apparition du subutex, en février 1996, différents effets seco