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Libération

SPECIAL ISRAEL: Gastronomie virtuelle et fête réelle.

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Un restaurant sans nourriture est la dernière excentricité en vogue à Tel-Aviv.
publié le 30 avril 1998 à 22h57
(mis à jour le 30 avril 1998 à 22h57)

Tel-Aviv envoyé spécial Elle a l'allure d'une fausse duchesse des Carpates. Blonde, mince, blafarde, en bottes noires et simili astrakan, elle fixe la foule retenue sur le trottoir par des barrières, dévisage et désigne enfin les élus en pointant sur eux un long doigt diaphane. Le balourd et son collègue gringalet de l'entrée, videurs de série C, laissent alors passer. Les autres attendent que le regard, puis le doigt de la belle veuillent bien les appeler. Dans un pays où l'intelligentsia fait volontiers l'apologie du multiculturalisme, la sélection reste de rigueur dans la boîte la plus branchée de Tel-Aviv. Régulièrement, d'ailleurs, la presse israélienne dénonce le refus de certains clubs de laisser pénétrer des jeunes des communautés séfarade ou éthiopienne. «Si t'as la gueule un peu basanée ou si on peut y lire que t'es d'origine marocaine, t'as toujours un peu moins de chance qu'un autre de pouvoir entrer», résume l'un d'eux.

Style seventies. L'endroit porte le nom de la rue, suivi de son numéro: Allenby 58. C'est un bâtiment sinistre de trois étages qui fut naguère un cinéma. Ce soir, techno à l'étage principal. En haut, house. En bas, garage. Certaines nuits de la semaine sont réservées aux gays ou à des soirées thématiques. Ce soir, l'assistance, très majoritairement ashkénaze, est jeune ou très jeune. Chez les filles, habillées plutôt seventies, avec pantalon très moulant et nombril à découvert, on devine parfois celles qui ont accompli leur servic