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Libération

Petits revenus mais grosse voiture. Pour une belle auto, Claude et Franck dépensent une grande partie de leur salaire.

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publié le 4 mai 1998 à 2h43

Claude le regarde à peine. Ce Renault Espace vert céladon, il le

connaît par coeur. La climatisation à réglage séparé pour le conducteur et le passager, il a déjà vu; la télécommande de l'autoradio, il sait. Alors, pendant que le vendeur lui fait faire le tour du propriétaire, il calcule. «Ma Safrane diesel vaut aujourd'hui 60 000 F en reprise. Restent 160 000 F à payer.» Claude est serveur dans une brasserie de Castelnaudary (Aude). Son salaire? 11 000 F «pourboires compris». Pourquoi acheter une auto à 220 000 F? «J'ai pas le choix. Avec deux enfants et le chien, c'est trop compliqué de les caser dans la Safrane.» Dans le show-room du principal concessionnaire Renault de la région, on connaît ce genre de client. «C'est pas la peine de démontrer les qualités de la voiture, il a tout lu sur le sujet. Et pas la peine non plus de proposer un essai. Celle qu'il veut essayer, c'est la sienne. Faut simplement parler financement», chuchote le vendeur. Démonstration sur les sièges en cuir de l'Espace, où Claude s'installe à ses côtés. Questions réponses. Apport personnel (la Safrane), mensualités (4 000 F pendant 48 mois), coût du crédit (32 000 F). En un quart d'heure, c'est réglé. Mais un problème tarabuste Claude: le délai de livraison. «Ça va être dur d'attendre quatre semaines. J'arrive plus à conduire la Safrane, comme si elle était plus à moi. Et puis y a les copains, ils attendent tous de voir mon nouvel Espace.» Il vient de signer le bon de commande, aboutissement d'un