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Libération

La sage-femme du bourgogne. Nadine Gublin est l'un de ces précieux viticulteurs qui parient sur la qualité.

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publié le 20 juin 1998 à 4h01

Meursault, envoyé spécial.

Quand vous lâchez le mot de «chaptalisation» (1) à Nadine Gublin, oenologue de 39 ans du domaine bourguignon Jacques-Prieur, elle fait la grimace. Elle est la première femme élue «oenologue de l'année» par la Revue du vin de France en soixante-dix ans d'existence. Cette distinction se comprend, Nadine Gublin représentant une nouvelle génération.

«Il faut intervenir au minimum. Il peut y avoir des années, comme 1993, où, faute de soleil, le raisin manque de maturité, et il faut équilibrer en le chaptalisant. Mais je préfère mille fois être la dernière à récolter et ramasser des fruits mûrs.» Que le langage de cette Bourguignonne de coeur, champenoise d'origine, est rafraîchissant dans cette région où monte la grogne des vignerons qui veulent acquérir le droit de chaptaliser et acidifier par-dessus des vins trop faiblards (2).

Le consommateur a de quoi être dérouté par les bourgognes. Célèbres dans le monde, hier préférés des rois de France, ils sont aujourd'hui les plus chers du pays. Le client n'a aucune opportunité de trouver un bourgogne de qualité en grande surface, quand bien même il paierait la bouteille 100 ou 200 francs, car ceux qui jouent la carte de la qualité n'ont pas les volumes suffisants pour alimenter la grande distribution. Il n'a guère plus de chances de s'y retrouver dans le maquis des petites parcelles, dans lequel se produit, sous les mêmes noms d'appellation prestigieuse, le pire et le meilleur. A Clos Vougeot, dont le territoire