Une main coupée sur la tête en guise de couvre-chef, Justine de Sade
bardée de latex chair croise Vampirella flanquée d'une liseuse de python ou la reine Margot noyée sous les flots de jupes de lin rebordées de dentelles anciennes" Une collection très costumée, où chaque robe raconte un cauchemar. Un destroy très couture et laborieusement pervers. Cette saison, on ne vend pas, on fait de l'image, mais l'été prochain la collection sera fabriquée en Italie. L'accueil favorable fait au premier défilé d'Olivier Theyskens sublime la réalité d'une mode bruxelloise.
Car cette mode bruxelloise n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler la mode belge. «Bruxelles a dix ans de retard sur Anvers», admet Etienne Tordoir, responsable de l'association Modo Bruxellae. «Comparer Bruxelles à Anvers, c'est comparer Madrid à Barcelone», tranche Lene Kemps, rédactrice en chef de mode de Weekend Knack. A côté des marques commerciales comme Nathan, Rue Blanche ou Olivier Strelli, une jeune scène bruxelloise surgit au milieu des années 90, grâce aux anciens élèves de La Cambre (lire page 39). Pour beaucoup, ils ont en commun cette curiosité de la matière, cette passion pour le tissu d'avant le tissage, la charpie, les poils, le chaîne et trame en délire. Bruxelles se met alors à rêver au succès; on dévore des yeux la réussite anversoise. Plus éclatée, moins identitaire, cette vague tient plus du collage d'individus que d'une vision commune. Face aux canons dominants du chic anversois, Bruxelles, c'est