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Libération

Crème solaire: les médecins voient rouge. Polémique entre scientifiques sur l'utilité des protections solaires.

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publié le 13 juillet 1998 à 7h41

La consommation de produits solaires a été multipliée par deux en

dix ans (d'après la Fédération des industries de la parfumerie), et le chiffre d'affaires du secteur est passé de 400 à 820 millions de francs de 1987 à 1997. Et pourtant, le nombre de cancers de la peau continue de doubler tous les dix ans. Cette dernière estimation, pifométrique puisqu'il n'existe pas de statistiques en la matière, émane du professeur Dubertret, dermatologue-cancérologue à l'hôpital Saint-Louis.

Paradoxe. Depuis des années, la communauté scientifique est divisée sur le sujet, et, ces derniers mois, la polémique a rebondi. Fin 1997, Jean-Michel Doré et ses collègues du Groupe de coopération européen sur le mélanome, ont publié un article (1) dans lequel ils révèlent que «les résultats d'études épidémiologiques montrent que l'utilisation de produits solaires pourrait représenter un risque plutôt qu'un facteur de protection contre le mélanome». «Des études d'observation ont montré de façon répétée un risque accru de mélanome malin et de cancer de la peau chez les utilisateurs de crèmes solaires», ajoutent-ils dans ce même article. Faut-il en conclure que les crèmes solaires sont dangereuses? Non, rétorquent ces mêmes médecins. «Compte tenu de la grande variété de composition de ces crèmes, un effet carcinogène de certains composants chimiques est moins que probable.»

Si ce n'est pas le produit qui donne le cancer, c'est donc autre chose. Un problème de comportement, que Jean-Michel Doré appelle