Menu
Libération
Portrait

Les feux de l’Adour

Article réservé aux abonnés
Michel Guérard, 68 ans. L’inventeur de la nouvelle cuisine coule des jours heureux dans son royaume d’Eugénie-les-Bains.
Portrait de Michel Guérard, Chef 3 étoiles, le 28 juin 2012 (Serge Picard / Agence VU)
publié le 18 janvier 2001 à 21h57

A l’entrée d’Eugénie-les-Bains, le panneau proclame fièrement: «Seul village minceur de France». Il y a trente ans, la «cuisine minceur» a fait du seigneur des lieux, Michel Guérard, le héraut de la nouvelle cuisine. Constamment en mouvement, boute-en-train, se servant de sa petite taille pour faire le pitre, le nez long, l’oeil bleu du poète, il a été une star, en un temps où la télévision venait juste de passer à la couleur.

Cuisine minceur peut-être, mais gros chiffre d'affaires. Dans cette vallée de l'Adour, défigurée par la culture industrielle du maïs, Michel Guérard et son épouse se sont taillé un petit royaume d'une soixantaine d'hectares. Gastronomie, luxe, santé. Trois hôtels, deux restaurants et la station thermale. Et c'est ainsi que le chef est devenu le symbole du village, détrônant l'impératrice Eugénie, employant une bonne centaine de personnes, ce qu'Alain Minc, en propriétaire voisin, qualifie de «miracle au beau milieu de ce désert économique».

Bouchers près de Rouen, ses parents n'étaient pas d'une tendresse extrême. De la guerre, Michel a connu les privations. Il a été élevé par sa grand-mère, à laquelle il rend chaque jour hommage à travers les desserts qui sentent bon la chaude régression. Quand le frère a dû arrêter ses études, le père a interdit à Michel de poursuivre les siennes. Pour maintenir la balance égale. Un choc pour cet élève brillant qui aurait souhaité devenir médecin. Il a été placé comme apprenti pâtissier à Mantes-la-Jolie. L'apprentissa