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Libération

Bâille qui m'aille.

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publié le 13 octobre 2003 à 1h21

L'humanité peut être scindée en deux populations d'importance à peu près égale. D'une part, les gens qui bâillent quand ils voient quelqu'un d'autre le faire. Phénomène de contagion bien connu : un bon bâilleur en fait bâiller sept, édicte la sagesse populaire. D'autre part, ceux qui restent de marbre. Mais pourquoi donc appartenons-nous à une catégorie plutôt qu'à l'autre ? Une équipe dirigée par le psychologue Steven Platek, de la Drexel University de Philadelphie, pense tenir la réponse. Résumé lapidaire : les gens sympas sont sujets à la contagion, les autres non. Plus on est capable de se mettre dans la peau de l'autre, de ressentir son état d'esprit, plus on a de chances de l'accompagner dans son spasme. Bref, tout dépend de notre capacité d'empathie. Dans la revue Cognitive Brain Research (vol. 17, pp. 223-227), l'équipe explique qu'elle a projeté à des cobayes des vidéos de gens bâillant à tout-va. D'où formation de deux groupes en fonction des réactions à la séance. Puis tests psychologiques sur chacun des deux camps. Et enfin cette conclusion : si l'on reste impassible, c'est qu'on n'est pas très fortiche côté lien social. D'ailleurs, n'observe-t-on pas que les personnalités schizoïdes (donc peu portées sur l'empathie) ne bâillent que rarement ? Cette étude a au moins un intérêt : elle livre une recette pour trier ses amis. Il faudra l'utiliser avec circonspection. D'abord, on peut tomber sur des simulateurs. Ensuite, il est nécessaire d'interpréter les résultats e