«Vous voulez un regard de tueur ?» me propose-t-il d'une voix virile. Je m'attendais à tout sauf à ça. Voilà dix minutes que je me maquille au Sephora de la Samaritaine. Première gaffe pour une première dans une vie d'homme. «Ce n'est pas du maquillage mais de l'EMBELLISSEMENT pour hommes», corrige Stéphane, le vendeur. «Ça permet de ne pas faire fuir les hétéros, l'homme qui veut rester homme et se mettre du produit comme on se met du parfum.» Enfin c'est ce qu'on lui a dit de dire lors du briefing de lancement de la nouvelle ligne «Tout beau Tout propre» de Jean-Paul Gaultier. Car, dans ce magasin parisien, beaucoup de clients ont observé «le visuel un peu trop marqué» dans Têtu, le magazine gay.

Incognito. «Les autres jettent des petits regards pour s'assurer qu'il n'y a personne de leur connaissance», remarque Stéphane. Deux coups d'oeil en biais m'indiquent que la voie est libre. Me voilà incognito sur le tabouret, un miroir pliant dans une main, une boîte noire de «trompe-fatigue» dans l'autre. «Comme un gros Zippo viril. Le packaging a été ciblé pour sortir du ghetto», rassure Stéphane. Je le dévisage en douce. A part ses sourcils épilés, il n'a pas l'air maquillé comme une voiture volée. Bon signe. Il se tient à bonne distance. Au briefing on lui a dit de ne surtout pas toucher l'homme qui se maquille. Il y a des limites à la modernité. Je me tartine moi-même de «coup d'éclat». «Vous sentez l'effet lifting ?» «Un peu.» Pas vraiment, en fait.

Reste le plus dur. «Après,