Jeudi, 19 heures, au premier étage des Galeries Lafayette, à Paris. Pas un chat aux caisses, et pourtant c'est la cohue dans les rayons du Lafayette Gourmet. A l'entrée de l'épicerie fine, une file d'attente impressionnante. «Désolé, monsieur, y a pénurie de paniers», dit un jeune animateur, un peu débordé par les événements.

Dans la queue, des hommes et des femmes de tous les âges, moins pressés et plus souriants que d'habitude. Tous sont célibataires ­ du moins c'est ce qu'ils affirment haut et fort. Tous en ont marre de l'être ­ même s'ils le disent beaucoup moins fort. Alors ils sont venus tenter leur chance au market dating, sorte de club de rencontre version supermarché, où l'on peut draguer tout ce qui bouge en faisant ses courses pour la semaine.

Cocktail. Rien à voir avec le rayon bricolage du BHV ou les supérettes de quartier ouvertes le dimanche, véritables nids à rencontres bien connus des célibataires. Ici, la drague est institutionnalisée : on fait ses courses avec un petit panier mauve distinctif. On paye à des caisses réservées pour l'occasion, mauves aussi. Et si vous commandez un cocktail au bar, la maison en offre un second à votre éventuelle conquête.

Gêne. Moins glamour, cette Anglaise, la quarantaine, qui me scrute de la tête aux pieds dans la file d'attente et qui m'aborde très naturellement : «Excusez-moi, monsieur, quel est votre âge ?» Je me dis qu'elle m'aurait sans doute traité de goujat si je lui avais posé la même