Tout candidat au repos éternel devrait répondre, de son vivant, aux trois questions essentielles qui régiront son trépas : comment ? (inhumation, crémation), qui ? (organise les obsèques et conserve la dépouille), où ? (sera installée la sépulture). Sinon, il risque de voir ses funérailles se prolonger au prétoire. Les juges sont en effet de plus en plus sollicités dans ces litiges mortuaires et le boom de la crémation ne facilite pas leur tâche.
Marie avait cinq filles et une maison. Deux des filles héritèrent de la maison familiale et de l'urne maternelle, qu'elles installèrent au centre de la cour. L'une des deux héritières assigna ses quatre soeurs devant le tribunal de Sarlat (Dordogne) pour obtenir que l'urne soit transférée au cimetière municipal. Elle soutenait aux juges que sa cohéritière l'empêchait de se recueillir «paisiblement sur les cendres de sa mère», lui rendait la vie «impossible» et qu'elle perturbait «le repos éternel de la défunte». Demande rejetée par la cour d'appel de Bordeaux le 14 janvier. A défaut de pouvoir imposer une thérapie familiale aux frangines, les magistrats se sont appuyés sur les règles de la... copropriété. Le régime juridique d'une urne funéraire conservée dans un lieu privé s'apparente pour eux à celui d'une «copropriété familiale». C'est donc le droit de l'indivision qui s'applique, car, sauf volonté expresse du défunt, le juge ne peut ordonner le partage des cendres. Toute décision concernant le sort de l'urne dépend de la volonté