Demander à des habitants quel est le lieu qui leur paraît significatif de leur ville, c'est dresser un portrait en forme de mosaïque. A Limoges, les réponses dessinent un portrait multiple. Car la ville a une grande qualité : son manque d'unité urbaine. Ici, on a toujours construit, et donc détruit. Pas forcément avec à propos, pensent les défenseurs des vieilles pierres. Quand on voit la place de la République, douteux catalogue de ce qu'aimaient les promoteurs dans les années 60, on peut les comprendre. Là s'élevait, vous dit-on, une place charmante ombragée par les tilleuls. Mais il n'empêche: à Limoges, justement, on a un peu de tout. Des petites rues médiévales, des façades à colombages, de gros gâteaux surchargés XIXe, de l'architecture métallique 1900, des immeubles Art-Déco, des essais de béton armé des années 30, des blockhaus Trente Glorieuses, les produits de quelques grands noms de l'architecture d'aujourd'hui, et quelques beaux loupés contemporains aussi.
Tout cela s'égrène dans un paysage qui a une chance considérable : il est en hauteur. Limoges est sur un plateau, ça monte et ça descend. Cela ne fait pas de la ville le paradis du cycliste, mais ces reliefs assurent des vues plongeantes partout. La grande rue type, à Limoges, est une avenue que bornent les fils du trolley dans la longueur et la campagne au bout dans la largeur. Parfois, ces effets sont époustouflants : de la petite place ronde Denis-Dussoubs, le regard tombe sur le clocher, si l'on peut dire, d