Menu
Libération

Amour et topinambour

Article réservé aux abonnés
publié le 10 novembre 2003 à 1h48

Et vous, vous faites comment pour gérer le fatras d'informations qui, chaque jour, vous dégringole dessus par mail, téléphone, SMS, vidéo, journaux ? Des chercheurs de l'université de Berkeley viennent de mettre des chiffres sur cette avalanche (1). Ils ont calculé que, ces cinq dernières années, ont été produites et stockées plus d'informations que durant tout le reste de l'histoire de l'humanité. Car ça s'empile de plus en plus vite : chaque être humain créerait et enregistrerait plus de 800 millions d'octets (un octet ­ unité de base de l'informatique ­ étant un ensemble de huit bits, suffisant pour coder un caractère d'imprimerie).

Eh bien, voilà une info qu'on peut s'empresser d'oublier. La notion d'«information» chez les ingénieurs est en effet très différente de la nôtre. Prenez un documentaire vraiment naze, disons un reportage mal torché sur la culture du topinambour dans le sud-est du Pérou. L'ingénieur dira que cette vidéo contient des dizaines de milliards d'octets, car il a fallu coder chaque pixel de chaque image (25 par seconde à la télé). Sur un docu de 52 minutes, ça finit par faire un paquet d'«informations». Or, pour nous, cette vidéo pèse zéro tellement c'est nul.

Prenez maintenant une info vraiment signifiante, par exemple un «Je t'aime» par SMS. Par les temps qui courent, pressés et peu littéraires, le message se résumera à «JTM». En code Ascii (norme internationale), cela ne fait que 21 bits de données (trois lettres fois sept bits). Une plume dans un oc