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Libération

Attendu que... mariage sans passion ne vaut

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publié le 13 novembre 2003 à 1h52

Meilleur marché qu'un divorce, moins aléatoire qu'une annulation papale, il y a l'«erreur sur les qualités essentielles» de son conjoint. Coup de baguette juridique, elle permet d'annuler le mariage, qui, même bu et consommé, n'aura jamais existé. Par exemple, vous pensez épouser une femme, c'est un homme ; un étalon, il est impuissant (Paris, 1982). Ou vous découvrez que son passé d'aventurier s'est déployé entre les murs d'une centrale pénitentiaire (c'est arrivé à la veuve d'un gendarme qui s'était unie, sans le savoir, à un ancien forçat). Ou bien encore, elle lui jure un amour éternel et disparaît, c'est de plus en plus courant, le jour où elle reçoit son titre de séjour.

Un arrêt de la cour d'appel de Grenoble (3 avril 2002), récemment publié dans la revue Droit de la famille du Jurisclasseur, montre que les magistrats sont plus romantiques qu'on ne l'imagine . Ils ont annulé l'union qu'un jeune homme, visiblement amoureux, avait contractée avec une jeune femme, apparemment indifférente. Les pièces que le mari a présentées les ont convaincus que sa femme n'avait pas eu «le comportement attendu d'une jeune épouse» : elle se «désintéressait» de lui, le «dénigrait» auprès de ses amis (attestation desdits amis). Elle a dit «regretter» son ex-fiancé, a pleuré durant la cérémonie, affirmé s'être mariée pour échapper à ses parents. Enfin, elle a quitté le domicile conjugal six mois après le mariage. «Ces faits démontrent que Mlle Z. n'avait nullement la volonté de s'unir effec