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Libération

Et maintenant cultivons notre... voisin

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publié le 14 novembre 2003 à 1h53

«Gloire à qui, n'ayant pas d'idéal sacro-saint, Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins.»

Après Brassens, le code de l'urbanisme, le code civil, une pratique intensive du yoga, voila un ouvrage complet et bien fichu : Voisinage, les règles du jeu, de Valérie Svec. Il y en a pour tous les enfers : guerre de bornage, bataille de clôture, élagage des branches, droit de passage, bruits, odeurs, aboiements, réduction de vue. La vie telle que la raconte cette juriste fera forcément remonter à la surface des envies de meurtre.

Parfois tatillonne ­ la Cour de cassation a ainsi estimé qu'un empiétement de clôture de 0,5 cm sur la propriété du voisin constituait une violation du droit de propriété (20 mars 2002) ­, parfois évasive ­ «les fruits appartiennent au propriétaire tant qu'ils pendent aux branches avançant chez son voisin. Ce dernier ne peut les cueillir, mais peut les ramasser lorsqu'ils sont tombés "naturellement" des branches ; la question n'est pas réglée de savoir si le propriétaire de l'arbre peut se rendre chez son voisin afin de récupérer ses fruits» ­, la justice navigue au gré des mauvais coucheurs, vrais maltraités et authentiques givrés. Cent mille plaintes par an rien que pour les nuisances sonores. A la campagne, le poulailler est un classique. La cour d'appel de Riom s'était gaussée d'un plaignant ­ «attendu que la poule est un animal anodin et stupide, au point que nul n'est encore parvenu à le dresser, pas même un cirque chinois ; que son voisinage comporte