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Libération

Les guichetiers de la Poste aimeraient recevoir plus de fleurs

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publié le 14 novembre 2003 à 1h53

Il est 16 h 30, l'heure de pointe à la Poste de Clichy un vendredi soir. Cinq guichets sont ouverts, vingt minutes d'attente environ avant d'y accéder. Deux jeunes s'impatientent. «Ouh, y a du people. Attends, je vais essayer de passer», dit l'un, qui se présente à un guichet sans attendre son tour, mais qui se fait gentiment rembarrer. Les deux compères tuent le temps en matant «la brune en troisième position», puis ils s'énervent : «Regarde, il y a un guichet fermé. C'est pourri la Poste. Ils devraient taffer ces fils de chiens !» La scène est réelle.

Il est 16 h 35 à la poste de Clichy, ce même vendredi soir. Un homme d'une trentaine d'années débarque, chargé de deux gros paquets sur les bras. Il fait mine de s'impatienter. Crie, raconte sa vie, demande à passer devant tout le monde. Son portable retentit, il bloque la queue. Une femme surgit, demande deux timbres sans prendre la peine de dire merci. Sorti de nulle part, le directeur de l'établissement intervient de sa voix rauque et puissante : «70 % des usagers de la Poste ne disent pas merci. 70 % des usagers de la Poste ne sourient jamais.» Le directeur accroche un badge de postier stagiaire au pull de la cliente impolie, qui se fait insulter. Cette fois, c'est du théâtre.

Pendant que l'homme aux paquets monte sur un guichet en chantant, les autres reprennent en choeur : «Les guichetiers ne sont pas des machines...» Dans la salle, une voix d'un vrai usager murmure : «On avait remarqué... Au rythme où ils travaillent.»

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