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Libération
Interview

«Pour cibler les célibataires: subtilité et banalisation»

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publié le 15 novembre 2003 à 1h53

Jean-Claude Kaufmann (1) est sociologue, directeur de recherches au CNRS. A l'occasion du salon Céliberté, il parle de cette population courtisée, les célibataires.

Les célibataires sont-ils une cible marketing intéressante ?

Parlons plutôt des «solos», c'est-à-dire ceux qui n'ont pas de vie affective stable. Ils sont réputés gros consommateurs, mais sont difficiles à aborder parce qu'ils n'aiment pas être montrés du doigt.

Parce qu'ils vivent mal le fait d'être célibataires ?

C'est toujours les deux à la fois, parce qu'ils ont deux visions d'eux-mêmes : «J'assume ma vie en solo», d'un côté, et «ça peut plus durer comme ça», de l'autre.

Comment expliquer, alors, le succès des salons, du speedating (soirées de rencontre) ou des sites sur l'Internet qui font sortir les solos du placard ?

Ces nouveaux instruments répondent à un besoin et à une demande réelle. Au lieu de les stigmatiser, ils donnent une image positive à ce qui était considéré jusqu'alors comme négatif. Le speedating, par exemple : c'est nouveau, ça vient des Etats-Unis, ça véhicule une image branchée, urbaine. Et surtout, on peut faire des rencontres sans se mettre vraiment en danger. Il y a deux manières de cibler les solos sans en avoir l'air. La première, c'est la subtilité. Le Club Med a compris ça : ils ne parlent pas de clubs pour célibataires mais de «villages adultes». Céliberté fait un peu pareil : les organisateurs parlent plus de style de vie et d'autonomie que de célibat. L'autre solution, c'est la banalis