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Libération

Gare de Lyon, l'horloge a toujours un train de retard.

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publié le 8 décembre 2003 à 2h14

C'est une horloge arrêtée sur midi. Quatre ans sans donner l'heure. Les vents de décembre 1999 ont bloqué ses aiguilles. C'est ennuyeux. Surtout pour une horloge. Encore plus dans une gare, aussi grosse que la gare de Lyon, à Paris. Lorsqu'on arrive au pied de l'édifice, on ne voit qu'elle. Quand on n'a pas de montre, on s'y fie. Si le train est à 12 h 10, on a un peu de temps. On a tort. Combien de voyageurs ont-ils loupé leur TGV à cause d'elle ? La SNCF, dans une transparence magnanime, affirme que personne ne s'est jamais plaint.

Une minute par jour. Mais pourquoi cette grosse tocante ne tic-tac-t-elle plus ? Les Chemins de fer mitonnent leurs réponses. La tempête a dégradé le cadran. Le mécanisme retardait d'une minute ou deux chaque jour. Les quatre côtés donnaient des heures différentes. Pour que l'horloge continue de tourner, il aurait fallu faire passer quelqu'un quotidiennement pour la remettre à l'heure. Comme le temps est aux économies, on affiche la priorité pour les trains. Ce pourrait constituer un sujet de plaisanterie. «Depuis que les trains sont à la bourre, on a arrêté l'horloge», rigole un employé de la SNCF.

C'est peu dire que l'affaire est énorme. Car cette grande chose ­oeuvre de Paul Garnier qui date de l'Exposition universelle de 1900 et fut rénovée en 1948 ­est aujourd'hui emmaillotée dans des filets de protection comme une machine incontinente. Les vitraux ont morflé. Il pourrait tomber des bouts de verre sur les passants pressés.

L'horloge est un sym