Jusqu'au 15 décembre, Libération tire chaque jour des bords au Salon nautique de Paris.
Les chantiers Franck Roy sentent l'iode, le goémon et le vernis du Tonkin, c'est pour cela qu'on s'y arrête comme le chien devant le gibier.
Le gibier en question mesure sept mètres. Il s'appelle Solenn. Sa coque est en polyester d'un bleu foncé avec un «bout-dehors» comme les bateaux de la Coupe de l'America. C'est d'un goût parfait. Le pont est constitué d'un assemblage de teck et d'acajou. Dans le jargon de la construction, cela porte un nom : «habillage bois». Les bateaux construits par Franck Roy et ses neuf employés ressemblent aux bijoux de la Bégum. A titre indicatif, le Solenn coûte 67 000 euros. Le prix d'une Ferrari d'occasion. La maison Roy est domiciliée jusqu'au 15 décembre dans le hall 1, réservé aux bateaux à voile, du Salon nautique de Paris. C'est un emplacement modeste, mais très en vue malgré tout. On pourrait même avancer qu'il s'agit d'un pas-de-porte qui vaut de l'or.
Contre près de 6 000 euros la quinzaine, Franck Roy et son papa démontrent leur immense savoir-faire sur une surface de 15 m2 : «C'est une somme pour nous. Alors on se débrouille, on dort chez des amis», avoue Franck Roy, âgé de 40 ans. Le fils Roy s'est lancé, il y a cinq ans, dans la construction «de bateaux remorquables à cause de la pénurie des emplacements de port». C'est une riche idée qui fait son chemin. Les chantiers Franck Roy ne roulent pas encore sur l'or : «C'est parfois dur», avance le fils.