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Libération

«Gabrielle» et le charpentier

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publié le 15 décembre 2003 à 2h20

Jusqu'au 15 décembre, Libération tire chaque jour des bords au Salon nautique de Paris

Le grand vertige de la construction «à façon» est exposé dans le hall 1, à la sous-section du Salon nautique Espace tradition. Le yacht Gabrielle mesure exactement 8,375 m avec son bout-dehors. Gabrielle n'est que bois et bronze. L'art de Jean-Yves Larour, charpentier de marine, est grand et sa curiosité immense. Voilà un homme qui a commencé le métier à l'âge de 15 ans, qui en a 40 aujourd'hui et qui a fouillé comme un chien truffier pour retrouver les plans du fameux Gaston Grenier, architecte lauréat en 1902 d'un concours organisé par la revue le Yacht. De Grenier on sait peu de chose, sinon qu'il fut l'un des architectes des célèbres chantiers havrais Augustin Normand. Gabrielle était-il le nom de son épouse ? De sa fille ? «De sa maîtresse ?» avance, amusé, Olivier de Brossard, du chantier Amzer'zo, et voisin de Larour à Douarnenez.

Il aura donc fallu attendre 102 années pour que le dessin de Grenier sorte comme un fumet d'ammoniac de la lampe d'Aladin. C'est en tout point une histoire merveilleuse et, comme si cela ne suffisait pas, Larour a appelé son chantier Archimède. Gabrielle, cotre aurique (voile en forme de quadrilatère et fixée à une corne), est proposé à la vente au prix de 76 000 euros. Il aura fallu à Larour 1 600 heures de labeur pour en venir à bout. Soit sept mois de travail. Le bateau est vendu gréé avec sa remorque qui est aussi finistérienne (maison Iroise de Quimper)