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Libération

Jouer avec le jeu, une pathologie à l'étude.

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publié le 16 décembre 2003 à 2h21

Fumer tue, et plus personne ne l'ignore. Jouer peut détruire, et bien peu en sont conscients : nul avertissement à l'entrée des casinos ou sur les billets de grattage. Aucune étude sérieuse n'a été consacrée aux joueurs dépendants. Les Français consacrent pourtant 10 % de leur budget loisirs aux jeux de hasard. Selon un rapport du Sénat de 2002, 30 millions de joueurs s'adonnent au Loto, 6 millions au PMU et les casinos enregistrent annuellement 64 millions d'entrées. Parmi eux, un certain nombre de «drogués». 300 000, selon le rapport, tous pris dans un terrible engrenage. Le chiffre est discuté. Il y a quinze jours, une structure indépendante, l'Observatoire des jeux (1), a été créée par des chercheurs pour mieux connaître cette pathologie.

«Comme en prison». Jusqu'à présent, seule une petite structure existait : SOS joueurs (2), installée dans le XIIIe arrondissement de Paris. Tous les matins, Armelle Achour, psychologue, y assure la permanence téléphonique. Elle décroche, une femme explique : «Mon mari est pris dans le jeu, mais je ne le découvre qu'après quinze ans de vie commune. Il est comptable, a détourné des fonds pour pouvoir continuer à jouer et a été démasqué. Nous avons dû vendre notre maison et retourner chez ses parents avec nos enfants. Nous avons rééchelonné nos dettes : 900 euros par mois pendant cinq ans. Nous n'avons plus de quoi nous payer un loyer.»

Quelques minutes plus tard, c'est une RMIste qui appelle : «Dès que je touche l'argent, je cours le dépens