Si le père Noël est parvenu à exaucer les souhaits de jeux de guerre des enfants, à dénicher une panoplie de «colonel» ou un «petit pistolet à balles en mousse jaune», c'est la preuve qu'il existe et qu'il est insensible à l'air du temps. Car de tels objets sont quasiment introuvables chez les distributeurs habituels parisiens. Souvent, au nom de l'image. Au Bazar de l'hôtel de ville, cela fait deux ans que le responsable des achats de jouets n'alimente plus ses rayons «ni en arcs, ni en pistolets» car, «au niveau de l'éthique, ce n'est pas [son] créneau». Ce qui a convaincu l'acheteur, c'est que les «imitations d'armes étaient si criantes de vérité qu'elles ont servi à effectuer de vrais braquages». Les voleurs attrapés avaient, de plus, le mauvais goût de se vanter de s'être fournis au BHV. Aux Galeries Lafayette, «cela fait bien dix ans qu'on a décidé que les armes factices nuisaient à l'image de l'enseigne», explique-t-on au service achats. Au Printemps, même discours sur le «standing» du magasin, qui n'autorise même pas à vendre les «war armers», ces petites figurines de soldats à peindre, pourtant à la mode. Si bien qu'au milieu des peluches, lorsqu'on demande le rayon pistolets, c'est avec le sentiment de proférer une obscénité. Au Bon Marché, «il n'y a eu aucune commande spéciale d'armes» pour Noël. Un reliquat de carabines attend donc dans un recoin. Et c'est le seul espace désert de l'étage. On peut s'en réjouir. Sauf que ce grand nettoyage est un brin hypocrite. I
Dans la même rubrique