La caniphobie ambiante n'a pas encore eu la peau des aboyeurs. Mais elle profite inexorablement à l'essor de l'espèce miaulante, mieux adaptée au mode de vie urbain, et nettement moins stigmatisante. On compte désormais 9,7 millions de chats contre 8,8 millions de chiens (1). Les arrêtés anticrottes et les amendes (183 euros à Paris, 3 000 euros en cas de récidive à Toulon) désignent désormais à la vindicte hygiéniste les propriétaires de chiens. «J'ai en permanence du papier dans les poches», se défend France, 63 ans. Dans la rue, «des gens viennent parfois me faire des remarques, accusant mes chiens d'avoir crotté alors que ce ne sont pas eux». Confortés par les arrêtés et les sanctions (4 200 à Paris pour les neuf premiers mois de l'année), les antichiens s'affirment. Et les maîtres se sentent pistés.
«Certains vous jettent des regards lourds de suspicion. C'est désagréable», se plaint Jean-Paul, 49 ans, qui doit sortir son caniche deux fois par jour. La promenade autrefois sympathique peut tourner au cauchemar. «Surtout ne pas oublier son matériel, puis surveiller sans cesse son chien pour qu'il ne fasse pas n'importe où... Le pire, c'est lorsqu'il n'y a pas de poubelle à proximité et qu'il faut garder la crotte dans la main», ajoute-t-il. Georges, 69 ans, se sent lui aussi un peu persécuté. Depuis treize ans, il a appris à sa chienne à faire dans le caniveau, comme il était recommandé à l'époque. Il y a quelques jours, alors qu'il emmenait Winnie en promenade, «deux pers