Un kelly Hermès, un carré de la même marque noué à une anse, un agenda et un portefeuille en galuchat (de la peau de raie qui coûte la peau du cul), la Vie heureuse de saint Augustin en édition de poche... C'est ainsi que Sylvie Rondet a choisi de se représenter. Presque son propre portrait. En fait, celui de son sac et de son contenu. «Je m'offre ça pour mes 50 ans», explique ce médecin, femme d'allure et d'aisance. En deux heures et demie, et pour 61 euros, l'aquarelliste Nathalie Lecroc va organiser cet univers au format 10 x 15 cm. Puis, sous la dictée de sa cliente, calligraphier des légendes autour des objets. Ce sera «Beauté minimum» pour un poudrier et rouge à lèvres, «Les anges gardiens de la maison» pour les clés, «Le livre qui m'accompagne et me guide» pour le saint Augustin. «Ç'aurait pu être les Consolations de Sénèque», tient à préciser Sylvie Rondet. On l'aura compris, voilà une femme lettrée, fort chic et d'un excellent genre. Qui vide son sac en toute maîtrise et qui veut en faire oeuvre. Comme un beau miroir qu'elle va, dit-elle, encadrer et accrocher près de son lit.
«Il y a un côté narcissique, le sac est une extension de la personnalité, commente, pudique, Nathalie Lecroc, au départ de sa cliente. Mme Rondet a un sac rigide qui correspond à son maintien, elle ne supporte pas ce qui n'est pas structuré.» L'artiste en a vu d'autres. Pas moins de 455 besaces et autant de propriétaires, dont 15 % d'hommes. Sa Petite Anthologie des sacs et sacs à main est prév