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Libération

Ces jeunes urbaines qui s'aiguillent vers le tricot.

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par Anne BERNARD
publié le 6 février 2004 à 22h49

Tricot à la main et Converse aux pieds, Hélène, 34 ans, produit un effet décalé qu'elle n'ignore pas : «La première fois que je me suis assise dans mon canapé pour tricoter, j'ai pris quarante ans dans la gueule», avoue-t-elle dans un rire. Cela ne l'a pas empêchée de retourner dans le petit local aux peintures défraîchies de l'association parisienne le Plaisir des aiguilles (1). Autour de la table, pour la leçon réunion hebdomadaire, des tricoteuses d'expérience et quelques novices guidées par Judith, la prof. Empoignant ses aiguilles comme des couteaux, empêtrée dans son fil, Hélène aura encore besoin de quelques heures de cours avant d'arriver à ses fins : la réalisation d'un pull en grosses mailles rouges, repéré dans un magazine et vendu 100 euros en boutique.

Elan. Pour Priscilia, la trentaine aussi, c'est l'arrivée d'un bébé qui l'a menée aux pelotes de laine. Un déclic fréquent selon Marie-Françoise Dedecker, prof de tricot chez Angèle, Gaspard et Compagnie (2). Ses cours du vendredi soir affichent d'ailleurs complet deux mois à l'avance. Elle voit s'y presser des futures grands-mères venues renouer avec le point mousse pour les moins aguerries, ou le jersey pour les plus ambitieuses. Mais aussi des jeunes femmes enceintes qui n'ont pu être initiées aux joies de la maille par leurs mères ignares. Dans les années 70, toute une génération féministe a, dans un même élan, jeté aux pelotes canevas, crochet, patchwork, symboles honnis de la femme au foyer.

Voilà seulement un