L'annonce d'une acquisition en viager suscite généralement des réactions goguenardes et culpabilisantes. «T'as pas mieux à faire que de parier sur la mort des gens ?» Pourtant, ce mode d'acquisition immobilière ne disparaît pas : le propriétaire (le crédirentier) vend son bien à un acheteur (débirentier), contre le versement à la signature d'un bouquet (20 % à 30 % de la valeur du bien), puis le versement à vie d'une rente. Ni sa mauvaise image ni l'augmentation de l'espérance de vie n'ont eu sa peau. Le viager est finalement à l'image de sa caricature : on le pense mourant ; il survit. Les acquéreurs évitent simplement de s'en vanter. Et patientent.
Marché stable.
C'est un micro marché, expliquent les agences immobilières spécialisées, qui se comptent sur les doigts d'une main en France. Selon les notaires, le chiffre varie. Mais, grosso modo, la part des viagers dans les transactions immobilières est de 1 sur 5 000. «Un marché stable», selon Bernard Féret, qui tient une agence de ce type dans le IXe arrondissement, à Paris.
Le viager est un pari aléatoire à une seule inconnue : la date du décès du vendeur. A ce petit jeu, il y a bien sûr les veinards. Comme de Gaulle, alors colonel, qui achète en 1934 à Colombey-les-deux-Eglises. Deux ans plus tard, la veuve «crédirentière» se noie dans sa baignoire. Bingo ! Mais tout le monde n'a pas la destinée du Général. Et plus que de Gaulle, Giscard ou Kennedy, qui auraient acheté en viager, beaucoup d'acquéreurs potentiels ont en tête