Queue de cheval et col roulé taupe, Patrick Lainé recrute chez Acadomia, «leader sur le marché français du cours particulier à domicile», comme il aime à le rappeler. Une quinzaine de candidats postulent ce matin-là au titre d'«enseignant Acadomia». Chaque jour, 150 personnes envoient leur CV rien qu'en Ile-de-France. Patrick Lainé les sélectionne, les évalue, leur dispense la bonne parole. Besoin des élèves : de la méthode. «Vous devez leur apprendre à apprendre.» Besoin des parents : être rassurés. «Vous vous présenterez toujours comme un enseignant Acadomia. Vous devez vous engager pour toute l'année scolaire, être ponctuels et réguliers.» Ensuite, il annonce les rémunérations : de 10 à 18 euros de l'heure. Soit la moitié de ce que paient les parents à Acadomia. Puis le recruteur énonce une règle «capitale» : «Il n'y a jamais d'échange d'argent entre parents et enseignant.» Le paiement des cours se fait par coupons. C'est de bonne guerre, car, si les parents d'élèves et les profs se mettaient d'accord entre eux, l'entreprise perdrait ses profits d'intermédiaire.
Le business du cours particulier est en plein boom : Acadomia, le numéro un, annonce 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, devant Complétude, Cours Legendre, Anacours et Top Profs. Ces entreprises affichent des taux de croissance de 30 à 40 % par an. Estimé à au moins 2 milliards d'euros par an, le gâteau est particulièrement appétissant et encore peu entamé, puisque 90 % des cours à la maison le sont au noir.