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Libération

Sur la Toile, un pseudo pour se mettre à moitié nu

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publié le 20 mars 2004 à 23h52

Libellule prend son pseudo très au sérieux. «Je voulais une référence au rêve, à la naïveté, à l'univers enfantin, poétise Terra, une étudiante en architecture habituée des salons de discussion en ligne. Sur le réseau, mon petit nom évoque la fragilité, la légèreté, la tranquillité et la discrétion. Ça me va bien.» Nicolas, 26 ans, producteur, préfère changer de pseudo comme de chemise : «Dans un groupe de discussion professionnel, il faut trouver un terme qui définit sa compétence. Moi, c'est Videoman. Sur un chat, par contre, le but étant de rencontrer du monde, je choisis un pseudo attractif comme openmind, casanova ou indianajones.»

Attrape-mouches.

Pour une nuit ou pour la vie, incitatifs ou réactifs, intrigants, voire franchement dérangeants, références aux héros de bandes dessinées ou à un acteur fétiche, indicatif de sexe ou de lieu, le pseudo se conjugue à toutes les sauces, mais son choix laisse peu de place au hasard. Serge Tisseron, psychanalyste, tente une explication. «On se cache derrière mais le pseudo est une façon de se montrer, de mettre en scène quelque chose de soi. Il y a beaucoup de clins d'oeil, de private jokes, comme si on disait à l'autre : "Essaie un peu de deviner qui je suis".»

Cet avatar fait office d'attrape-mouches. Contrairement à l'écrivain qui s'en pare pour masquer sa véritable identité, l'internaute s'en sert souvent pour mieux se définir. «L'important est de se présenter, précise Isabelle Pierozak ­ sur le Net, c'est Tangerine, «du nom d'u