Marie-Françoise Hanquez-Maincent, professeure de civilisation américaine à Sciences-Po Lille, est l'auteure d'une thèse , Barbie, poupée totem (Autrement, 1998).
Barbie, c'est la blonde Californienne que les mères détestent et que les petites filles adorent. Pourquoi ?
C'est l'origine de ma recherche : je ne me reconnaissais pas du tout dans cette femme-objet, j'ai refusé de la donner à mes aînées, et puis avec la dernière, j'ai pactisé avec le diable... En travaillant sur cette poupée mannequin, je me suis aperçue qu'elle sert de support aux petites filles pour s'imaginer dans l'avenir. Avec Barbie, elles jouent à être des femmes, alors qu'avec un poupon, elles jouent à la maman. Mais pour les mères, la blonde oxygénée toujours en train de sourire est insupportable. Il y a télescopage entre nos valeurs éducatives et une poupée outrancière et dépensière, symbole de l'idéologie américaine de consommation.
Sur quels ressorts psychologiques Barbie joue-t-elle pour se vendre à des millions d'exemplaires ?
D'abord, c'est une poupée adulte et les enfants ont forcément envie de grandir. Ensuite, son côté sex-symbol porte les fantasmes des petites filles. Le jouet ne crée pas le fantasme, mais il s'appuie dessus. Les fillettes sont sexuées et sexuelles, il n'y a qu'à regarder comme elles minaudent... Plus la poitrine est opulente, plus les cheveux sont longs, plus les talons sont hauts, et plus elles se rêvent séduisantes. Le jeu avec Barbie leur permet aussi de se débarrasser des paren