Aux vitrines, des têtes en polystyrène poussiéreuses, coiffées de perruques, des pyramides de shampooings défrisants et des bidons de produits éclaircissants pour la peau. A l'intérieur, des boutiques de cosmétique afro du boulevard Barbès, un des quartiers africains de Paris, les savons gommants le disputent aux «crèmes aux acides de fruits», à la carotte et autres plantes dites éclaircissantes, vendus autour de dix euros. Tout un marché qui promet dépigmentation et blancheur occidentale à des femmes noires.
Formule. La pratique reste semi-clandestine et à demi assumée. «Je ne m'en sers que pour estomper les taches que j'ai», indique la vendeuse de la boutique Jolie et Belle, dans le Xe arrondissement. D'autres, visiblement utilisatrices, nient l'évidence et soutiennent être nées avec un teint clair. «Les femmes qui pratiquent le blanchiment ne s'en vantent pas. Généralement, ce sont des Zaïroises et des Sénégalaises, explique Zubia, 22 ans, d'origine malienne et membre d'une association d'amitié franco-africaine. Pour plaire davantage aux hommes, ces femmes sont prêtes à tout.» Non contentes de recourir à des éclaircissants, plus ou moins efficaces, elles se mettent en quête de préparations plus décapantes et dangereuses. Inutile d'aller très loin pour trouver ces produits. Dans une petite rue perpendiculaire au boulevard, un bazar propose en vitrine une crème blanchissant le teint. Sur l'emballage bleu et blanc, la formule est clairement indiquée : hydroquinone, le sésame