Surtout ne pas les appeler «prémix». Telle était la consigne des fabricants de Boomerang, Eristoff Ice, Smirnoff Ice, Woodoo et autres nouvelles boissons à base de bière et d'arômes divers, lancés il y a un an. Objectif : échapper à la taxation qui, depuis 1996, frappe les «prémix», mélange d'alcool et de soda. Les nouveaux breuvages, eux, très sucrés, sont rangés au rayon bières dans les hypers et font un carton chez les jeunes, le public expressément visé.
Le député UMP Yves Bur, lui, ne s'y est pas trompé. Dans le cadre de la loi sur la santé publique, il a fait voter, le 8 avril à l'unanimité, un amendement prévoyant que ces «boissons qui avancent masquées», dit-il, seront taxées de dix euros par décilitre d'alcool pur, soit deux fois plus que la taxe qui frappe les prémix. «Je double donc la taxe», jubile l'élu.
C'est «une mesure discriminatoire», a hurlé Interbrew, le groupe belge, producteur de Boomerang, boisson «malternative» à 6,1 % de volume d'alcool et qui en a vendu trois fois plus que prévu depuis son lancement en mai 2003. «Les vins, par exemple, ne sont pas concernés, parce que l'on sait que le lobby vinicole pèse très lourd dans notre pays, relève François Vieillard, directeur de la communication en France du géant mondial de la bière. Interbrew regrette une telle mesure qui pénalise les boissons innovantes.»
Innovation ou tromperie ? Yves Bur a tranché : «Les fabricants contournent l'actuelle législation, le sucre est là pour cacher l'alcool. Ce ne sont pas de